Inondations et santé publique : ce que révèlent les études de l’OMS
Les inondations sont l’un des principaux risques naturels au niveau mondial. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elles provoquent chaque année des dégâts humains, sanitaires et économiques considérables. À l’ère du changement climatique, leur fréquence et leur intensité augmentent, exposant toujours plus de populations à des conséquences directes et indirectes, parfois méconnues. Cet article propose une synthèse des grandes études de l’OMS sur le sujet, avec des chiffres officiels et des recommandations pour optimiser la prévention.
1. Les inondations, un risque sanitaire majeur : chiffres clés
1.1 Un phénomène mondial et croissant
Entre 1970 et 2019, 44 % des catastrophes naturelles étaient liées aux inondations, causant plus de 2 millions de morts et 3,64 billions de dollars de pertes économiques selon l’OMM et l’Atlas de la mortalité publié par UN CC:Learn. Les inondations représentent donc la première cause de catastrophes naturelles à l’échelle mondiale.
En Europe, les chiffres sont également éloquents : 5 582 personnes sont décédées à cause des inondations entre 1980 et 2022 (Agence européenne pour l’environnement). Près de 172 000 personnes sont exposées chaque année aux inondations fluviales et 100 000 aux inondations côtières dans l’UE-27 et le Royaume-Uni.
1.2 Les populations vulnérables
L’OMS identifie plusieurs groupes à risque :
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Personnes âgées
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Enfants
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Personnes souffrant de maladies chroniques ou de handicaps
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Femmes enceintes
Les personnes vivant en zones inondables ou en refuges temporaires sont particulièrement exposées aux risques sanitaires.
2. Conséquences directes des inondations sur la santé
2.1 Noyades, traumatismes et blessures
L’OMS souligne que les inondations provoquent en premier lieu des noyades, des blessures et des traumatismes physiques. Les secours sont souvent difficiles à organiser, ce qui aggrave le bilan humain.
Exemple récent : Au Pakistan en 2022, les inondations ont fait au moins 1 000 morts et 1 500 blessés, et plus de 161 000 personnes ont été déplacées vers des camps de secours. Près de 888 établissements de santé ont été endommagés, dont 180 totalement détruits, laissant des millions de personnes sans accès aux soins.
2.2 Destruction des infrastructures de santé
La dégradation des hôpitaux, dispensaires et pharmacies limite l’accès aux soins essentiels. Au Pakistan, l’OMS a dû organiser une riposte rapide pour livrer des fournitures médicales et soutenir des équipes mobiles. Les personnes souffrant de maladies chroniques (diabète, hypertension, maladies cardiaques) sont particulièrement touchées par l’interruption des traitements.
2.3 Perturbation des services essentiels
Les inondations entraînent souvent la perte d’emploi, le manque d’accès aux services de garde d’enfants, aux écoles et aux services sociaux. Les travailleurs des services d’urgence et d’ambulance sont aussi exposés à des risques accrus de maladies d’origine hydrique.
3. Conséquences indirectes : la bombe à retardement sanitaire
3.1 Maladies infectieuses et épidémies
L’OMS met en garde contre la propagation rapide des maladies à transmission hydrique et vectorielle après les inondations. Les eaux stagnantes favorisent la multiplication des moustiques et la transmission de maladies comme :
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Paludisme
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Dengue
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Choléra
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Leptospirose
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Hépatite A
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Fièvre typhoïde
Au Pakistan, l’OMS a renforcé la surveillance des maladies pour prévenir les flambées épidémiques. Dans la région du Niger, l’OMS a distribué des moustiquaires imprégnées et des médicaments pour prévenir les infections respiratoires chez les enfants vulnérables.
3.2 Santé mentale : un impact sous-estimé
Jusqu’à 75 % des personnes touchées par les inondations souffrent de problèmes de santé mentale : traumatisme, stress post-traumatique (TSPT), anxiété, insomnie et dépression. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les personnes déplacées ou vivant dans des refuges temporaires.
3.3 Effets sur la santé chronique
Les inondations perturbent la prise en charge des maladies chroniques. L’interruption des traitements (diabète, hypertension, maladies cardiaques) peut entraîner une aggravation rapide de l’état de santé des patients. Des études récentes montrent que les hospitalisations pour complications liées à ces maladies augmentent fortement après une inondation.
4. Stratégies de l’OMS pour réduire les risques
4.1 Préparation et riposte rapide
L’OMS recommande de :
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Renforcer la surveillance des maladies
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Préparer des stocks de médicaments et de fournitures médicales
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Mettre en place des cliniques mobiles et des équipes de santé
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Distribuer des moustiquaires imprégnées et des kits d’hygiène
Au Niger, l’OMS a mis en place des actions anticipatoires pour limiter les impacts sanitaires des inondations fluviales, notamment en identifiant les zones les plus vulnérables et en organisant des consultations médicales en poste fixe et en clinique mobile.
4.2 Sensibilisation et mobilisation communautaire
L’OMS insiste sur l’importance de la sensibilisation des populations aux risques sanitaires liés aux inondations. Les relais communautaires jouent un rôle clé pour diffuser les messages de prévention et organiser la réponse locale.
4.3 Réduction des risques à long terme
L’OMS encourage les gouvernements à :
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Investir dans des infrastructures de santé résilientes
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Mettre en place des systèmes d’alerte précoce
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Renforcer la coordination entre les différents acteurs (santé, protection civile, associations)
5. FAQ : questions fréquentes sur les inondations et la santé
Quelles sont les principales maladies à surveiller après une inondation ?
Les principales maladies à surveiller sont le paludisme, la dengue, le choléra, la leptospirose, l’hépatite A et la fièvre typhoïde.
Qui sont les personnes les plus vulnérables lors d’une inondation ?
Les personnes âgées, les enfants, les personnes souffrant de maladies chroniques ou de handicaps, et les femmes enceintes sont les plus vulnérables.
Comment limiter les risques sanitaires après une inondation ?
Il est recommandé de :
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Boire de l’eau potable ou traitée
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Se laver régulièrement les mains
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Éviter le contact avec les eaux stagnantes
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Utiliser des moustiquaires imprégnées
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Suivre les recommandations des autorités sanitaires
6. Conclusion : l’urgence d’une réponse globale
Les études de l’OMS montrent que les inondations ont des conséquences directes et indirectes majeures sur la santé publique. Au-delà des noyades et des blessures, elles favorisent la propagation des maladies infectieuses, la détresse psychologique et l’aggravation des maladies chroniques. Les chiffres officiels sont sans appel : des millions de personnes sont touchées chaque année, et les coûts humains et économiques sont considérables.
Face à ce défi, l’OMS recommande une approche globale combinant préparation, riposte rapide, sensibilisation et investissement dans des infrastructures résilientes. La prévention et la protection anti-inondation, comme l’installation de barrières amovibles, sont des éléments clés pour limiter les risques sanitaires et protéger les populations vulnérables.